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FRANCE CULTURE : Le Brésil mal loti par deux années de présidence Bolsonaro

Le Brésil mal loti par deux années de présidence Bolsonaro

Par Nadine Epstain

 

La face cachée du globe |A mi-mandat de la présidence de Jair Bolsonaro, outre la pandémie du Covid, la société brésilienne vit moins bien qu’il y a deux ans. Les difficultés et les dégâts brésiliens résultent surtout de la politique menée depuis le 1er janvier 2019, date de l’entrée en fonction du chef de l’État

Le sous-continent sud-américain affronte tant bien que mal la pandémie du Covid-19. Le dernier bilan donné par l'Organisation Mondiale de la Santé chiffre à 542 333 décès et 16 994 374 cas positif de Covid, en Amérique latine et dans les Caraïbes. Le Mexique vient de connaître sa pire semaine depuis le début de l'épidémie avec une moyenne de 983 décès quotidiens pendant sept jours, et Mexico déplore 137 916 morts et 1 588 368 contaminés. 

Le Brésil est le pays le plus touché au monde après les États-Unis avec 207 095 décès et 8 324 294 personnes positives. Outre cette crise sanitaire, à mi-mandat de la présidence de Jair Bolsonaro, la société brésilienne vit moins bien qu’il y a deux ans. Avant tout en raison de la politique menée depuis le 1er janvier 2019, date de l’entrée en fonction du président de la République.

Floriane Louvet, chargée de mission partenaire du CCFD Terre solidaire, l'une des 18 organisations de la Coordination Solidarités Brésil qui publie la 2e édition du baromètre d'alerte sur la situation des droits humains au Brésil, résume l’état de lieux.

Votre constat est négatif : pourquoi la situation a-t-elle empiré ? 

La Coalition Solidarités Brésil qui regroupe dix-huit organisations a été créée pour lutter contre la criminalisation croissante des ONG et des mouvements sociaux au Brésil. L’un des outils que nous avons trouvé pour relayer leur cri d’alarme en France et en Europe est la création d’un baromètre. Il permet de mesurer la pression que subit la société civile au quotidien. Le constat est alarmant : les violences, les violations et les inégalités ont atteint des niveaux inédits et ne font qu’augmenter au Brésil.

Sont prioritairement touchés les populations autochtones, les communautés paysannes, les femmes, les personnes LGBT et les habitants des périphéries. Les chiffres sont effarants tant au niveau de la déforestation, des invasions des terres qui appartiennent aux paysans traditionnels et autochtones que du niveau de sous équipements de l’éducation et des écoles et des attaques proférées par le gouvernement de Jair Bolsonaro à l’encontre de la presse, des mouvements sociaux, de la société civile.

Vous donnez des chiffres ahurissants, par exemple, l’augmentation de 1880 % de la présence de l’agrobusiness sur les terres des paysans traditionnels et des communautés autochtones, et parallèlement en Amazonie plus de 11 000 km2 de forêts ont été détruits, entre août 2019 et juillet 2020, une déforestation sans précédent depuis dix ans ?

Ces chiffres traduisent un type de politique agricole qui est menée par le gouvernement au Brésil, au centre de laquelle l’agrobusiness est roi et porte atteinte à la vie de celles et de ceux qui protègent la forêt. 

On constate au quotidien combien les communautés souffrent d’expulsions, de torture, de violences de tous types, des assassinats de leaders paysans dès que leurs communautés paysannes ou autochtones gênent, on cherche à les éliminer. 

Le chiffre de 11 088 km2 de déforestation en Amazonie est la plus forte destruction depuis 2008 et il représente une hausse de 70% par rapport à la moyenne de ces dix dernières années. Et c’est une hausse de 180% par rapport aux objectifs fixés par la politique nationale pour le changement climatique pour 2020. C’est lié à cette présence d’acteurs de l’agrobusiness à qui on a laissé la liberté totale, même pour certains acteurs qu’on a encouragés à agir sur le terrain, à s’accaparer des terres. Ce sont des entreprises multinationales, certaines sont françaises ou européennes et donc, il y a une responsabilité collective sur ces territoires. De manière plus générale,  ce sont les grands propriétaires terriens qui agissent en toute impunité et qui ne sont intéressés que par l’exploitation de produits au détriment des populations locales qui vivent sur ces territoires et qui perdent chaque jour un peu de leur espace. Donc, ces chiffres traduisent bien l’avancée de la frontière agricole, cette politique de l’agrobusiness qui est portée par le gouvernement de Jair Bolsonaro.

Nous sommes proches des associations comme le Mouvement des Sans-Terre, l’Articulation des peuples du Brésil et d’autres ONG qui voient chaque jour, une augmentation des violences, des expulsions forcées, non justifiées pourtant commises en toute légalité, même pendant cette pandémie du Covid qui brouille la visibilité. Et cela provient de la politique agricole de Jair Bolsonaro. Il y a aussi une capacité du gouvernement à cacher les données et la réalité de ce qui se passe réellement sur le terrain. 

Vous épinglez aussi le Président brésilien dans d’autres domaines, comme le secteur de l’éducation qui par le désengagement gouvernemental délaisse les écoles publiques ?  

Il faut rappeler qu’au Brésil, il y a eu une réforme de la Constitution qui plafonne les dépenses de la santé et de l’éducation sur une vingtaine d’années. Cette réforme est une catastrophe car elle empêche d’investir dans ces secteurs qui sont pourtant des domaines clefs, encore plus à l’heure de la pandémie. Le Brésil est en tête des pays contaminés, avec le plus de décès. Il y a eu des coupes drastiques dans les budgets. Le budget 2021 alloué au ministère de l’éducation a baissé de 18,2%, alors que les Brésiliens s’attendaient plutôt à une hausse, surtout en cette période de crise sanitaire qui a révélé la fracture numérique, le nombre élevé d’élèves oubliés notamment dans les milieux ruraux. 39% des écoles publiques brésiliennes ne possèdent pas un système d’assainissement de base. 

La presse est elle aussi visée, et les chiffres parlent d’eux même. En 2019 il y avait 7 attaques en ligne par minute contre les journalistes. Et entre janvier et octobre 2020, le gouvernement de Jair Bolsonaro a ciblé la presse une fois par jour. C’est un véritable système mis en place qui touche aussi les associations et les mouvements sociaux qui sont en permanence désignés comme des terroristes, des ennemis qu’il faut empêcher d’agir sur le terrain.  

 

Des personnes portant des masques faciaux marchent sur un passage pour piétons dans le centre-ville de Rio de Janeiro, au Brésil, le 8 décembre 2020 au milieu de la pandémie de coronavirus.

Des personnes portant des masques faciaux marchent sur un passage pour piétons dans le centre-ville de Rio de Janeiro, au Brésil, le 8 décembre 2020 au milieu de la pandémie de coronavirus.• Crédits : Mauro Pimentel - AFP

Face à cette situation, comment réagissent les citoyens ?

Le baromètre montre à quel point la société est engagée et mobilisée. Elle ne baisse pas les bras et fait même preuve d’une grande créativité. Ce n’est pas une opposition à la politique de Jair Bolsonaro mais une opposition plus générale à un système qui est oppresseur, pas seulement porté par le gouvernement mais aussi par de grands pouvoirs hégémoniques depuis des années au Brésil.

L’opposition à ce système néo-libéral qui opprime, est très forte surtout dans les milieux historiquement exclus, les femmes, les peuples autochtones, les LGBT.

Les citoyens se font entendre à travers des manifestations, en créant des collectifs, en apportant assistance et aides d’urgence. Et je pense que cette société civile va se renforcer. C’est presque une obligation face à tant de violence et de violation. D’ailleurs, on a vu aux dernières élections municipales de 2020, il y a eu énormément de candidats noirs, autochtones, des femmes et des personnes LGBT pour justement investir les espaces politique de démocratie formelle et faire des espaces municipaux des lieux de contre-pouvoir face un gouvernement qui ne va pas changer de politique. Au contraire, je crains qu’il va approfondir son projet autoritaire et tyran en particulier contre les populations sur les territoires. Je pense que les citoyens vont développer davantage d’espaces de contre-pouvoir à tous les niveaux, les villes, les États mais aussi les quartiers, les milieux ruraux et indigènes. 

Nous aidons toutes les organisations qui se mobilisent et on lance des appels à la "brésistance" à travers la Coalition solidarités Brésil et notre site lebrésilrésiste.org pour dénoncer toutes les atteintes aux droits humains et à l’environnement au Brésil.

 

Manifestation à Brasilia contre le président Bolsonaro et pour vaccin parant le Covid, le 8 janvier 2021. Manifestation à Brasilia contre le président Bolsonaro et pour vaccin parant le Covid, le 8 janvier 2021.• Crédits : Sergio Lima - AFP

 

 

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